Quelques commentaires à mon texte
From: "Claude CHINA" Date: Sat Jul 31, 2004 1:11 pm
Subject: RE: [bob_dylan_in_french] Un jour à Bruxelles, en 1987 ....
Bruxelles, 8/10/1987 ! J’avais vu le Zim quelques semaines plus tôt à
Rotterdam et étais ressorti de l’Ahoy (encore un vélodrome à cette époque)
profondément déçu, sinon meurtri … Sous l’influence certaine du Captain Trip,
Bob avait (re)plongé dans les drogues dures et les concerts de cet automne
allaient souffler le chaud et le froid. 14 chansons expédiées en une heure
et une sortie précipitée, abandonnant Tom Petty & the Heartbreakers. Ils en
restèrent tout penauds, se demandant un bon moment s’ils devaient rester ou
quitter la scène eux-aussi. Bref, le concert fut si court qu’à 1 h. du mat.
j’étais déjà arrivé aux Fêtes de Wallonie à Namur ... Le 8 octobre suivant,
Bob jouait pour la première fois à Forest National à Bruxelles. Pour que leur
déception soit moins intense que la mienne, j’avertissais mes voisins du
désastre hollandais. Et Bob s’amène portant mitaines et bandeau noir pour
soutenir des dreadlocks. Boum, la claque : une version courte de Desolation
Row et LARS d’entrée de jeu – un peu comme un athlète qui tente de battre le
record du monde à son premier essai ; Bob qui exhorte ses choristes ; Bob
rejoint par Roger McGuinn pour Chimes of Freedom ; Bob qui chante les deux
chansons acoustiques (Hattie Carroll & Don’t think twice) si près du bord de
la scène que Mike Campbell est obligé de jouer le dos au public, les talons dans
le vide, de manière à pouvoir lire le jeu de Bob et de refiler les accords à
Benmont Tench ; Bob qui revient pour les rappels, saisit sa guitare et se lance
dans Blowin’ alors que pas encore un seul Heartbreakers ne l’a encore rejoint
sur scène et que, derrière lui, çà panique et court dans tous les sens ; Bob,
quittant la scène sans un merci, qui réalise d’un coup quel grand concert
c’était et, déjà caché par les amplis pour les spectateurs à gauche de la scène,
le corps penché en arrière - dans une pause rappelant celle de Cream sur la
pochette de Goodbye - nous fait un ample geste de la main assorti d’un immense
sourire. Et moi qui me fait presque engueuler : " T’appelles çà un mauvais
concert ! " . Mais non ! J’ai revu le Zim une cinquantaine de fois depuis
mais ce concert restera toujours mon préféré, mon coup de cœur après trois
semaines de doute ! Et apparemment je ne suis pas le seul … Là-dessus, je
me sens d’humeur à écluser quelques krieks Cantillon, Lifman ou même Belle-Vue.
RV au Roy d’Espagne … P.S. Manifestement le crû 2004 ne vous a pas laissé
d’aussi grands souvenirs … Mais franchement aucun d’entre nous n’était présent à
ce qui était sûrement son plus beau concert de cet été européen : les quelques
notes d’harmonica soufflées dans un hôpital pour enfants à Belfast … Le Bob
digne et pudique que j’aime … CC
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From: "frankielee" Date: Sun Aug 1, 2004 3:24 am
Subject: RE: [bob_dylan_in_french] Un jour à Bruxelles, en 1987
....
Merci Claude pour ta review de ce concert qui est très bon sur
cd (si tu ne l'as pas ça peut s'arranger...), et était encore mieux "live"
sûrement. Pourtant il y a une chose qui me gêne, c'est que tu reprends
cette vieille rumeur française comme quoi Dylan était un adepte des
drogues dures. Je dis rumeur "française" car absolument aucun auteur
anglophone de bouquins sur Dylan n'a jamais avancé cette
affirmation. Apparemment cette rumeur a son origine dans les écrits et
interviews de A.J.Weberman, mythomane notoire dont j'ai déjà dit tout le bien
que je pensais il y a quelques mois sur ce groupe. Ce type a su faire sa
pub', ce qui a beaucoup plu à quelques journalistes français avides
de sensations et en mal de romantisme (si tant est que ce soit
romantique de se droguer?), si bien que tout ce qu'il a affirmé a été pris
pour argent comptant ici, en France, en particulier que Dylan est un
héroïnomane. Si Dylan avait eu ou avait encore cette habitude, ça se saurait.
On l'a su pour Keith Richards, David Bowie, Nick Cave, Robert Smith, etc.,
je ne vois pas pourquoi on le saurait pas pour Dylan. Il a admis en
1978 avoir touché à tout dans les années 60, cela ne veut pas dire qu'il
a continué. De plus, laisser entendre qu'il a été influencé par Jerry
Garcia en 1987, c'est un peu gros : Dylan et Garcia se connaissaient depuis
des années, Dylan avait 46 ans en 1987, il avait eu accès à tout ce
qu'il voulait dès l'âge de 21 ans, et il se serait laissé influencé par
son pote juste à cette époque... excuse-moi mais ça ne tient pas debout.
Si Dylan avait voulu se droguer il n'avait pas besoin de Garcia. Son
comportement en 1987 peut avoir beaucoup d'autres causes, peut-être en
rapport avec son nouveau mariage et la naissance d'une fille en 1986. Tout ça
pour dire que rien ne permet d'affirmer que Dylan "a plongé dans les drogues
dures", à moins que tu veuilles dire l'alcool ou les amphétamines, ça on sait
qu'il en a été adepte pendant des années. Le jour où Paul Williams, Clinton
Heylin, Michael Gray, et d'autres auteurs sérieux écriront ça, je commencerai
à le croire, en attendant, ce n'est pas Skorecki qui va me faire changer
d'avis.
Ah, au fait, Montauban était très bon, de l'avis de ceux qui
avaient vu dylan des dizaines de fois et aussi de ceux qui le voyaient pour
la 1ère, 2ème ou 3ème fois, et moi je crois avoir vu quelques
concerts aussi bons que celui de Bruxelles 1987, le 1er Berkeley 2002
par exemple, mais c'est toujours un peu personnel... Bon
dimanche, FG http://www.bobdylan-fr.com/
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From:
"Claude CHINA" Date: Sun Aug 1, 2004 9:12 am
Subject: Un jour à Bruxelles, en 1987 ....
Bonsoir François, Ma
review était une réponse au poème de Kreaturrr qui manifestement est resté
hermétique pour ceux qui soit n'étaient pas à Bruxelles, soit non pas relu la
play-list de ce soir-là. En ce qui concerne la drogue, il est certain qu'il
s'est passé quelque chose entre les deux tournées avec Tom Petty & the
Heartbreakers. En 1986, Bob est clean ; la preuve en est, selon moi, que la
tournée passe par le Japon. En 1987, les photos du livre Temples in flames
sont particulièrement éloquentes et parlent d'elles-mêmes. Que s'est-il
donc passé ??? Dylan était une star aux States où il a tourné de 1974 à 1981,
exception faite de la (Renaldo & Clara) en 1977. Et puis c'est le flop
incompréhensible. Infidels - album pour lequel j'ai toujours eu une grande
faiblesse - ne marche pas et la tournée de 1986 Dylan-Petty, pourtant
comparés à l'aigle américain à double tête, ne lui rend pas son rang. D'un
coup, Dylan est devenu, sans raison apparente, un has-been. Springsteen est
l'avenir du rock, plus lui ! Dés lors, Bob a besoin de faire le point comme
en 1967. A mon sens, il le fera mais avec une démarche opposée à celle de 20
ans auparavant. En mars/avril 1987, Bob répète à San Rafaël avec le Dead avec
lequel il va ensuite, en juillet, jouer 6 concerts - que j'aime
énormément. Alors difficile de ne pas penser que les habitudes de Jerry
Garcia et ses acolytes reconnaissants n'ont pas eu une influence sur Bob qui
a besoin d'évacuer une frustration légitime ... Cette théorie qui n'a rien
à voir avec Weberman est non seulement plausible mais, à mon humble
connaissance, la seule qui explique une dépendance. La coïncidence des dates
ne m'apparaît pas fortuite, au contraire de celle de son éventuel second
mariage avec l'une de ses choristes. J'avoue que ce n'est même pas la tronche
du Zim sur les clips des Traveling Wilburys qui m'ont finalement amené à
cette conclusion toute/trop personnelle. J'ai rencontré Paul Williams à
une conférence au Vooruit à Gent dans les années nonante, '93 ou'94. Dans des
apartés, il a dit que 1) Bob a touché à la fin des eighties/début des
nineties à des drogues auxquelles il n'avait pas touché dans les sixties et
2) il y a une limite entre l'information journalistique et le respect de la
vie privée de l'artiste, le problème étant de savoir où mettre la frontière.
Ceci expliquant vraisemblablement sa réserve littéraire. Je crois donc que
Bob, à partir de sa collaboration avec le Dead, n'a pas fait que fumer la
moquette en cette époque, '87-'91. La qualité générale des concerts s'en est
de plus en plus ressentie ... Troisième chanson à Dunkerque le 30/06/1992,
'Seeing the real you at last' marque, pour moi, la fin des années noires, le
début d'un autre nouveau matin. Je n'ai d'ailleurs jamais prétendu qu'il
était héroïnomane, je ne sais pas ce qu'il consommait - je m'en fous
d'ailleurs ; ce n'est pas pour çà que je l'admire et le respecte - mais
sincèrement je préfère qu'il carbure à la kriek ... ou au
saké. CC
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From: "fgtrade2000" Date: Sun Aug 1, 2004 10:18 am Subject: Re: Un
jour à Bruxelles, en 1987 ....
Tu as peut-être raison, peut-être a-t-il
eu quelques années de drogues dures, c'est impossible d'avoir une certitude
dans un sens ou dans l'autre, et comme tu dis ce n'est pas le plus
important. Mais ce qui m'énerve c'est de lire des phrases comme "il ne
s'est jamais débarrassé de ses habitudes de junkie", comme je l'ai vu
dans Libé il n'y a pas longtemps. Ceci dit, il est étonnant que Clinton
Heylin n'en ait jamais parlé, car lui, contrairement à Paul Williams, ne se
gêne pas pour
dénigrer Dylan. FG
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From:
"nsklarik" Date: Mon Aug 2, 2004 7:54 am Subject:
Re: [bob_dylan_in_french] Un jour à Bruxelles, en 1987 ....
Salut, Une
question par rapport à ce que dit claude ci dessous: " Dunkerque
le 30/06/1992, 'Seeing the real you at last' marque, pour moi, la fin
des années noires, le début d'un autre nouveau matin ...". J'ai vu bob à
Belfort quelque jour plus tard, le 02 juillet 1992 . Le concert était court
(car festival) et pas super. on m'a dit que Bob ce jour-là se serait demandé
s'il allait continuer le never ending-tour . Avez vous eu vent de cette
rumeur ? Amitiés Nicolas
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From: "Claude
CHINA" Date: Mon Aug 2, 2004 11:48 am Subject:
Rumeur des années '90
Bonsoir , A ma connaissance, cette rumeur a bel
et bien existé mais est née postérieurement à la tournée européenne de
1992. De retour aux States, à partir d'août 1992 donc, Bob a terminé
pratiquement tous ses concerts, non plus par Blowin' in the wind (comme à
Dunkerque, Belfort, Leysin ou Antibes par exemple) mais par It ain't me babe,
chanson d'adieu entre un homme et une femme ou ... entre un artiste et son
public. Bob a persisté dans ce choix pour les deux tournées européennes de
1993 (notamment à Paris le 23/2, Marseille le 29/6 et Toulouse le
30/6). J'avoue qu'il y avait - particulièrement en février 2003 -
beaucoup d'émotions lorsqu'il l'interprétait. Etait-ce vraiment la der des
der ? Et puis la rumeur s'est estompée même si en 1994, It ain't me babe
occupait généralement la même place (comme à Paris le 3/7, Besançon le 4/7 ou
Lyon le 5/7). NB : entre Dunkerque le 30/6/1992 (et la grève des
camionneurs) et Belfort le 2/7, il y eut aussi Reims terminé par ... It ain't
me babe (après une sortie où il s'est planté dans le rideau et avant un salut
à la Benny Hill ...) Y a-t-il parmi vous des personnes qui ont eu la
chance de le rencontrer se promenant le long de la mer à Dunkerque ou à une
terrasse de café à Antibes ? Je serai ravi de lire leurs impressions
... CC
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