Peu de shows
dans cette année 1994, mais un bon cru ! 12 août, « Sleeps with
Angels » rayonne dans les bacs des disquaires. Etonnant et dérangeant
Crazy Horse. Plus habitué à de la grosse artillerie, il nous livre
une mouture électrique des plus travaillées ! Finesse et sensibilité
dans la distorsion. Pour les concerts du Bridge School Benefit,
l’acoustique s’impose et la set-list reprend celle du nouvel album.
Bonheur ! Neil en solitaire chante pour ses scolaires qui l’entourent
sur scène. Je l’entends faire écho à Bob : « sortir d’ici, de
ce monde de requins, difficile de réaliser un monde autre quand
le cauchemar nous hurle aux oreilles sous l’oeil bienveillant des
satrapes et de leurs esclaves. Le combat est devant nous ». Devant
ce public jeune, Neil, en bon père, suggère les mésaventures de
Danny Whitten, âme du Horse à son début. Nuit intimiste en compagnie
du Crazy Horse. Poncho et Billy se mettent aux maillets et Neil
au piano. Le rêve semble surgir de la scène, l’irréel devient réel.
Ah ! Mon coeur défaille ! Neil prend de mes nouvelles : « Are you
feeling all right. Not feeling too bad myself. Are you feeling all
right, my friend ? ». Oui, et je danse avec toi cette « Prime Of
Life ». De cette vie fragile où seule la mort (mot tabou) règne.
Un combat contre elle est peine perdue. Le seul échec qu’ont essuyé
de grands chevaliers est contre elle. Kurt Cobain en a fait les
frais. Il dort avec les anges depuis six mois. C’est une actualité
encore chaude face à l’Eternité. En offrande, Neil lui joue son
morceau favori : « It's better to burn out than to fade away ».
Une strophe comme « And once you're gone, you can't come back »,
et surtout la deuxième « The king is gone but he's not forgotten.
», bien appuyées, prennent une autre dimension. Tout ceci n’est
pas innocent. N’est-ce pas Neil ? Rock and roll can never die ?
Maintenant je prends le train. Le Horse, avec Poncho au piano, me
berce vers un rivage serein. Belle surprise ! Je saute dans le convoi
suivant sans consulter la destination. Sérénité pour un long et
difficile travail intérieur, musique douce et âpre à la fois. Je
ne crie pas au génie de peur de perturber quelques chantiers en
cours. Mais je le pense très fort ! « Must be the one whose magic
touch can change your mind ». Assurément ! Merci ! ! ! Les amis
submergent la scène pour le final euphorique ! Pas moins de six
guitares, deux percussions et Eddie Veder pour un véritable moment
de jouissance ! C’est la folie ! C’est de qui fera le plus de musique,
de qui reprendra le plus « Piece Of Crap » ! Neil donne le dernier
mot à Billy en allant le chercher avec le micro. Salut de Neil qui
me laisse abasourdi en nous lançant une expression française ! !
! Lui, qui ne nous dit aucun mot sur le sol français ou si peu.
Bon voyage Neil.
Denis Between The Rusty Words (24-03-2002)
© IDDN 2005
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